Situations improbables au Sultanat d’Oman

UEn février j’avais deux semaines devant moi et je ne savais pas où partir. Me remettant au hasard, je cherche une destination la moins chère possible sur les moteurs de recherche avec la seule contrainte, qu’il y fasse chaud! Une ville revient souvent : »Muscat ». J’étais absolument incapable de la situer sur une carte, je me suis donc renseignée sur l’énigmatique destination, et j’ai découvert qu’elle se situait entre les Émirats Arabes Unis et l’Inde. Les nombreux commentaires positifs lus sur les forums m’ont aidé à franchir le pas et me voici partie au Sultanat d’Oman!

L’arrivée à Muscat (Mascate) est déconcertante. Il y fait déjà 30° et la ville est…impeccable. Entourée par les montagnes, la capitale blanche respire le calme et la douceur de vivre. Les habitants habillés de la tenue traditionnelle, la dishdasha, plantent le décor et leur gentillesse nous promet déjà de belles aventures…J’ai été fascinée par la blancheur extrême de leur tenue, je me demande encore quel est leur secret pour qu’elle soit aussi impeccable dans ce pays de sable et de pierre! Il est aisé de promener dans les rues de la ville, de longues promenades ont été aménagées le long des berges, les trottoirs sont larges, des vélos en libre service sont proposés, et des mini bus proposent de rejoindre les quatre coins de la ville pour quelques centimes d’euros (payés en Rial Omanais bien sûr). Nous sommes revenus de l’aéroport grâce à ces mini bus et les Omanais sont très serviables, ils nous ont vite aidé à trouver notre chemin, la plupart parlent anglais !

La balade dans la ville se révèle bien agréable, il fait chaud, les habitants sont très souriants, de nombreux restaurants jalonnent les rues et nous permettent de goûter aux différentes spécialités aux saveurs orientales inspirées des pays voisins comme le Liban ou encore l’Inde toute proche. On retrouve sur les cartes des chawarma, mezze et autres falafel mais aussi des viandes cuisinées au tandoori, tikka ou massala! Le pain est servi avec le houmous accompagné d’un délicieux thé à la menthe ou un café à la cardamone… Autant vous dire que chaque moment passé à table est un véritable délice… Après avoir déambulé dans le souk immaculé de Mutrah (le souk le plus organisé que j’ai pu voir!), nous partons visiter la ville et ses nombreux atouts:

  • la magnifique mosquée du Sultan Qabos
  • le musée franco-omanais
  • le musée d’histoire de la porte de Muscat
  • le fort Al jalali
  • Qurum beach…

    Oman est connue pour ses magnifiques paysages désertiques et la destination est souvent vendue en circuit 4X4 avec nuits sous la tente. Ayant flairé la tendance, nous avions loué une petite voiture et acheté une tente à bas prix au supermarché local en prévision de nuits en pleine nature, et nous avions plutôt bien fait: les prestations hôtelières sont très rares ou onéreuses en dehors des grandes villes! Et surtout le camping sauvage est autorisé partout dans le pays (sauf dans la réserve des tortues), nous avons pu dormir dans des endroits juste exceptionnels, en bord de falaise, au milieu des montagnes ou même dans un wadi… La conduite est facile, les routes en bon état et peu nombreuses (sauf dans les villages où nous avons des pistes) et les panneaux sont rares mais suffisants!

    Après deux jours dans la capitale nous reprenons la route direction Nizwa. En route nous nous arrêtons dans un village abandonné, Izki, qui ne manque pas de charme, puis nous arrivons au fort de Nizwa. La ville est jolie, le souk coloré, la chaleur omniprésente. Notre route continue vers les montagnes voisines, nous traversons de nombreuses palmeraies, wadi et oueds (lits de rivières asséchées) vers le Jebel Shams. Les villages traversés n’ont pas dû changer depuis des années… cultures en terrasses,  murs en pierres décrépis, on s’attend à croiser la piste des caravaniers à tous moments… Les enfants jouent au football avec des pierres sur des terrains défoncés, les vieux monsieur attablés boivent un verre de thé…La montée du Jebel Shams, objectif de la journée, sera de courte durée. Les habitants nous avaient prévenu : « no no small car, only jeep ! ». La piste de cailloux aura raison de mon entêtement au bout d’une bonne heure quand j’ai commencé à reculer dans une montée! Mais une magnifique nuit sur les pans de la montagne avec vue panoramique sera notre récompense… On ne peut pas tout avoir!

    Le désert recouvre près des deux tiers du pays et, alors que nous voyions au loin le désert de Wahiba sur la route entre Nizwa et Sur, nous décidons de tourner à tout hasard dans un village avec pour objectif de monter sur ces dunes de sable orange qui nous narguent depuis des heures! Or, au fur et à mesure que nous approchons, le désert est de plus en plus loin… Déçues, nous nous contentons de quelques photos, quand un Omanais sorti de nulle part nous accoste à bord de son véhicule tout terrain. Il ne parle pas un mot d’anglais (sauf « no problem! ») et nous pas un mot d’arabe. Finalement nous comprenons qu’il veut nous emmener voir le désert et nous acceptons. Ce sera le premier moment improbable du voyage! Ce jeune homme sorti de nulle part va nous emmener au cœur des dunes visiter sa « ferme » de dromadaires et nous faire vivre des sensations exceptionnelles en gravissant ces dunes hautes pour certaines de plus de trente mètres! Je n’oublierais jamais cette vue incroyable et ces sensations incommensurables lorsqu’il a fallu redescendre ces immeubles de sable le nez de la jeep dans le vide…Finalement, après plusieurs heures, il nous a redéposé au même endroit et est reparti comme il est venu… Il est possible de dormir dans le désert de Wahiba dans les nombreux camps aménagés, mais il est préférable de réserver avant car l’accès ne se fait que par la piste de sable et l’on doit venir vous chercher…

    Prochain arrêt: le Wadi Bani Khalid. Une merveille de la nature où il est possible de se baigner dans des bassins naturels couleur émeraude, logés dans une vallée étroite, semblable à un canyon, entourée d’arbres de palmiers et de cascades… Venant de la montagne on peut s’attendre à une eau fraîche mais le contraste est saisissant…l’eau est agréablement chaude! Je n’ai pas précisé mais toutes les merveilles naturelles que j’ai pu visiter étaient totalement libres d’accès, pas du tout exploitées par le pays et dans un état impeccable… Nous remontons le wadi par des chemins caillouteux le long de la falaise quand nous nous faisons accoster par un jeune homme en treillis militaire et turban. Il ne parle pas anglais mais se fait très bien comprendre! Il nous propose de nous emmener plus loin dans le wadi découvrir une grotte cachée et une falaise d’où nous pourrions sauter! Ni une ni deux nous le suivons grâce à ce climat de confiance installé dans tous le pays. Et effectivement, au bout de plusieurs kilomètres nous arrivons dans une grotte minuscule où coule un cours d’eau chaude que nous visitons à la lampe torche en rampant sur le ventre! La falaise se dessine et nous passons l’heure qui suit à plonger dans ces bassins d’eau chaude! Un moment unique, nous somme seules dans ce wadi cerné par les montagnes roses et ocres, les touristes sont quasi inexistants, le silence est total, pas de doute, je suis dans un incroyable bout du monde… Sur le retour il nous propose de nous aider à trouver un endroit où dormir, un peu plus bas dans la vallée avec une vue incroyable sur la montagne, et il reviendra nous voir plus tard dans la soirée les bras chargés de dattes, pommes, oranges et de thé chaud préparé par sa maman…Improbable merveilleuse rencontre.

    Au petit matin nous reprenons la route vers Sur, très jolie ville côtière réputée pour ses dhows,  bateaux traditionnels fabriqués sur place. A marée basse on peut en observer des dizaines échoués sur la plage, l’image de ces bateaux fantômes semblants être abandonnés au milieu de nulle part est incroyable…Au coucher de soleil les images sont saisissantes… La réserve de Ras Al Hadd est un lieu protégé pour la ponte de tortues de mer. Il est possible d’aller les observer grâce à des tours organisés à l’aube par le centre de protection des tortues tout proche. Le littoral est parsemé de longues plages de sable blanc, sans aucune construction moderne, ici pas de complexes hôteliers, juste le sable, la mer, les pêcheurs et nous. Tout est donc propice à la baignade, un minimum de décence étant de mise dans la tenue de plage. L’impression d’être vraiment privilégiée, seuls des bouts de pistes vous permettent d’y accéder…

    En longeant le littoral nous sommes tombées sur un étrange phénomène naturel, le trou de Bimah. Les rumeurs locales disent qu’il est le résultat d’une météorite qui aurait frappé le lieu il y a des milliers d’années…En tous cas l’endroit est juste magique. Ce trou naturel de quarante mètres de large, et de trente mètres de profondeur est accessible par un escalier qui permet de se baigner au milieu des petits poissons mangeurs de peau morte (fish pédicure gratuite!). L’expérience est incroyable car il est impossible de deviner le fond à travers ses eaux translucides et le vertige des profondeurs peut vous saisir! Mais plus incroyable encore, une fois la baignade passée, est la rencontre avec le gardien des lieux. Ce gentil Omanais vient à notre rencontre et nous raconte avec passion les légendes de ce site millénaire. Puis, naturellement, nous propose de camper ici, sur le site même ! Comme nous sommes déjà en fin de journée et que nous ne savions pas encore où dormir nous décidons d’accepter et nous allons vivre un moment unique… ce gentil monsieur va nous loger sur les tapis de sa maison et nous préparer un repas typiquement Omanais à base de poulet mijoté, de petits légumes, de riz et de thé parfumé que nous dégusterons à même le sol, à l’aide de nos doigts (pas la main gauche surtout, c’est la main impure), assis sur des tapis, à la belle étoile… La conversation tournera autour de nos étranges habitudes ou coutumes occidentales qui éveillent sa curiosité mais le moment restera lui, unique et improbable. Merci .

    La fin du périple approche, nous allons vers le Wadi Tiwi mais il n’est accessible que par 4X4, nous nous contentons de traverser les villages et admirer les palmeraies…

    Ce voyage aura été un émerveillement continu, je suis allée de découvertes en découvertes, j’ai été touchée par l’accueil et la gentillesse des habitants, par la diversité des paysages, par la propreté extrême qu’il y règne, par la douceur de vivre et par cette confiance que nous inspire chaque habitant de ce pays. Oman restera mon improbable bout du monde…

8 Replies to “Situations improbables au Sultanat d’Oman”

  1. J’ai hésité il y a 2 ans à partir au sultanat d’oman mais avec le ramadan et seulement les mois d’aout dispos j’ai renoncé A envisager vraiment, merci pour ces photos et ce texte

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    1. Merci pour ce gentil message! C’est vrai Qu en août il doit faire très chaud ca ne doit pas être très agréable , Mais si tu en as l occasion il ne faut pas hésiter à y aller à un autre moment de l année, c’est vraiment un pays merveilleux !

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    1. Merci beaucoup angelina! Ce fut un merveilleux voyage ET j’espère vous avoir donné envie!
      En ce qui concerne le 4×4 c était beaucoup plus cher alors pour des simples raisons de budget nous avions loue une voiture « économique » 😉

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  2. Merci beaucoup, oui cela donne vraiment envie et le faite de prendre une voiture simple ne vous a pas empêché de faire » le principal « . Très belle article 🙂

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    1. Bonjour, oui tout le séjour en tente, c’est vraiment le moyen le plus simple de se loger, il n’y a pas de « campements » , on peut s’installer où nous voulons et les points de vue sont sublimes…Les hôtels sont rares et chers (sauf dans les grandes villes).

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