Cuba avec des enfants

Salsa, cigares, soleil, plages de rêve, vieilles américaines… Je suis allée à l’encontre de cette île des caraïbes afin de découvrir ces clichés qu’il faut l’avouer, font rêver… mais qui avec des enfants peuvent prendre une tournure singulière…

cuba mes bouts du monde

Air Caraïbes, 10h de vol direct Paris-La Havane. Un ti punch servi bien frais compense l’absence d’écrans individuels. Cependant tenir les bébés dix heures pendant un vol de jour relève du domaine de la performance! Prévoyez des jouets, des livres, bref de l’occupation car même se balader dans les allées fini par les lasser… »maman, on peut sortir de l’avion s’il te plait »? Quand il reste 8h de vol la tache est lourde et ambitieuse!

J’avais prévu un taxi à l’arrivée afin de ne pas perdre trop de temps à l’aéroport, ici les prix sont tous les mêmes, 25/30 CUC* le trajet aéroport/centre ville. Une belle américaine lustrée nous attend sur le parking, on est directement mis dans l’ambiance! Ces voitures datant de 1950 ont toutes été importées des USA avant l’embargo de 1962 qui a stoppé net toute importation de véhicules étrangers. Cela fait donc cinquante ans que les cubains bichonnent leurs Chevrolet, Pontiac, Buick qui roulent toujours et font aujourd’hui, le symbole de Cuba.OLYMPUS DIGITAL CAMERA

*Le CUC au moment de mon passage en 2018 était à 1€25. Il existe deux monnaies, le pesos convertible (CUC) et le pesos cubain (CUP) utilisé uniquement par les cubains eux-mêmes. La différence est très significative (1CUC = 25 CUP) mais je n’ai jamais eu besoin d’en utiliser, les CUC étant utilisés partout, même dans les villages les plus reculés.

La Havane.

Cette ville enivre dès son arrivée. La chaleur ambiante, les charrettes à chevaux, les murs décrépis, les vieilles demeures coloniales aux influences espagnoles, les cubains nonchalants et puis cette musique, cette salsa que l’on peut entendre à tous les coins de rue. L’ambiance est posée et je vais avoir beaucoup de mal à m’en défaire. LA Havane contraste, la Havane marque, la Havane retient.

Nous avions logé dans une « casa particular« , simplement des chambres chez l’habitant. Une superbe demeure coloniale dans le quartier du Vedado, »Casa la colonial 1861″  à seulement 5 minutes en voiture du vieux Havane (Habana vieja)  que nous avions réservé avant le séjour, ce qui est fortement conseillé.  Aujourd’hui c’est le moyen le plus utilisé dans tout le pays pour se loger, et, il faut l’avouer, c’est le meilleur moyen de découvrir la population cubaine et d’ en savoir plus sur leurs modes de vie. Beaucoup sont devenus des business et souvent les habitations sont entièrement privatisées mais la majorité d’entre elles restent des chambres traditionnelles chez l’habitant pour 30 CUC en moyenne. Les cubains sont d’une gentillesse extrême et se plieront en quatre pour rendre le séjour agréable. Les conditions de vie sont toujours difficiles, ils doivent déclarer chaque touriste et sont taxés, les magasins sont quasi inexistants et pour cuisiner il faut se contenter de ce qu’il y a dans les épiceries… c’est à dire pas grand chose. C’est pourquoi la cuisine ne fût pas un émerveillement, nous nous sommes contentés de riz, poulet/poisson et haricots rouge pendant presque tout le séjour mais les cubains arrivaient toujours à sublimer cette cuisine avec les moyens du bord et surtout un ingrédient indispensable, leur sourire… Les jus de fruits en revanche sont nombreux, chaque petit-déjeuner est composé de jus de papaye frais, de bananes, d’ananas… La convivialité prend le dessus, Cuba, c’est aussi et surtout les cubains eux-mêmes.

A la Havane il faut évidemment visiter le vieux Havane, ou Vieja Habana, quartier piéton bordé par la mer. L’essentiel n’est pas d’essayer de se repérer mais au contraire de se perdre…La ville se laisse découvrir, nonchalante, rythmée par les vendeurs de jus de fruits frais aux coins des rues, les taxi-vélos qui s’usent les mollets dans ces ruelles pavées, ces belles américaines garés le long des murs qui donnent l’impression d’être figées dans le temps…   Nous avions une poussette mais les trottoirs sont suffisant pour ne pas s’épuiser, ce n’est néanmoins pas une balade de santé…dans la mesure du possible un porte bébé sera plus adéquat… Les filles étaient des petites reines, arrêtées à chaque coin de rue, des « que linda » lancés à tout va, elle s’amusaient à chaque fontaine et s’arrêtaient au moindre son de salsa…c’est à dire très souvent! Elles n’ont pas souffert de la chaleur, la ville est venteuse de part sa proximité avec la mer, le seul bémol est que trouver une glace ou un goûter relève de l’exploit… Il faut les habituer à goûter aux fruits locaux!

De nombreuses maisons coloniales sont libres d’accès et pour certaines transformées en musée où il faudra s’acquitter d’un CUC symbolique… les enfants ont adoré se balader dans ces vieilles maisons rénovées où l’histoire transpire sur les murs. Les maisons sont toutes construites autour de patios fleuris où certaine ont même une fontaine rafraîchissante! Les visites se font naturellement au fil de la balade, les lieux sont émouvants, remplis d’histoire et donne à cette ville un sentiment déjà nostalgique, on a envie d’y rester alors même que nous venons d’y arriver…

La Havane c’est aussi les nombreux symboles, le Capitole, siège de l’académie des sciences qui ressemble beaucoup à celui de Washington, entrée de la vieille ville et du carré que forment les quatre places symbolioques de la ville. (Plaza de Armas, Plaza Vieja, Plaza de San Francisco de Asis, Plaza de la Catedral).

La balade sur le Maleçon est aussi incontournable, longue avenue qui longe la mer, surtout dans un beau taxi américain pris sur la place du Capitole pour quelques pesos.

Il est intéressant d’aller visiter les fortifications de la Havane, construites au 16ème siècle afin de défendre la baie. Souvent les chauffeurs des américaines vous le proposent dans un « tour » d’une heure à environ 40 pesos.

Playa Larga.

Nous avions beaucoup entendu dire qu’il fallait réserver absolument les bus sur l’île. Même avec deux enfants nous avons tenté le tout pour le tout et directement à la gare routière nous avons pu grimper dans le bus désiré…car les compagnies gardent toujours quelques tickets à vendre sur place…Les enfants ne paient pas quand ils sont sur les genoux. Donc prenons un bus local et partons direction la partie sud de l’île, dans le joli village de Playa Larga. La campagne environnante est très rurale, des palmiers, des champs et de jolis villages qui semblent être restés figés dans le temps. Le long de ce trajet nous prenons la température de l’île et on commence tout doucement à se rendre compte qu’ici rien n’a changé… et ce depuis des lustres…

Playa Larga, joli village situé sur la baie des cochons (haut lieu historique dans le grand conflit avec les USA) nous fait une halte agréable après la ville et les quelques heures de bus (avec les enfants sur les genoux les trajets paraissent toujours plus longs!). Nous sommes accueillis par un taxi vélo qui va nous impressionner sur les routes caillouteuses et les chemins de terre… de nombreuses casas particulars sont disséminées tout le long de la route mais nous sommes attirés par celles directement posées sur la plage… Pour à peine 30 pesos nous voici chez un charmant vieux monsieur à partager sa terrasse posée sur le sable….le temps s’arrête, les vacances commencent vraiment… Accès direct à la mer, repas les pieds dans l’eau, pas d’internet, pas de Wifi, même pas de boutiques ni d’épiceries… Un havre de paix, la vie à la Cubaine…

Cienfuegos.

Sans réservation, sans horaire, on se place à l’intersection du village et l’on attend le prochain bus qui arrivera finalement assez vite….

Cette ville coloniale maritime a été classée patrimoine mondial culturel par l’UNESCO et elle mérite amplement ces deux journées qui lui sont consacrées…Aux premiers abords de grandes avenues pavés, des murs aux façades coloniales fortement marqués par cette influence espagnole…les calèches tirés par les chevaux dont les sabots résonnent derrière les murs…un soleil de plomb et des touristes absents…cette ville est boudée par les touristes et c’est tant mieux pour nous! On se balade sur le prado et ses jolies boutiques révolutionnaires, puis un arrêt sur le parque Jose Marti afin d’admirer la jolie cathédrale de « la purisima conception » , le Teatro Tomas Terry, le musée Provincial, la maison de la culture.  La ville déborde de casas particulars et même sans réservation nous trouvons un nid douillet au coin de la rue chez un couple adorable pour à peine 25 CUC…

Nous avons opté pour une jolie balade jusqu’à la « punta Gorda » par le Malecon de Cienfuegos, qui est à mon avis bien plus joli et agréable que celui de La Havane. La balade le long de la mer est paisible, la circulation est moins dense, et passer devant toutes ces jolies maisons coloniales en bois me rapellent Key West, qui n’est pas si loin, juste de l’autre côté de la mer… Au coucher du soleil les couleurs sont incroyables, le moment est unique et les filles vont adorer jouer dans le parc au bout de l’avenue, avec vue imprenable sur la mer…C’est également ici que l’on déguste les meilleurs mojitos de Cienfuegos parait-il, nous n’allons pas nous priver!

Trinidad.

Nous continuons en taxi partagé vers la belle Trinidad… une ville qui fascine dès le premier regard. Elle sera notre coup de cœur du voyage, quatre jours passés en son sein nous auront permis de l’apprécier à juste titre. Nous tentons d’entrer dans la ville mais des pavés immenses nous empêchent toute intrusion avec un véhicule à moteur, le ton est donné, il va falloir s’armer de bonnes chaussures! La poussette n’est pas forcément une bonne idée… Cependant la beauté de cette ville coloniale va gommer tous ces petites gênes personnelles et nous prendront un plaisir unique à nous balader dans ces ruelles, sans jamais chercher à nous repérer… Les filles vont s’amuser à monter et descendre ces trottoirs qui leurs semblent être des montagnes!

A Trinidad la visite de la ville se fait au hasard des promenades….ici une église, là un musée, là un joli parc…les nombreuses boutiques et ateliers d’artistes ont aussi leur part de responsabilité car elles ne polluent pas de manière visuelle le paysage mais bien au contraire, s’y intègrent parfaitement. Il ne faut pas hésiter à sortir de ce beau quartier qui a été complètement rénové  pour arpenter les ruelles plus pauvres, beaucoup d’entre elles se trouvant sur les hauteurs de la ville. C’est ici que nous avons trouvé une superbe Casa tenue par une jeune femme adorable. Notre partie complètement privée était constituée de deux chambres et de deux terrasses avec vue imprenable sur la ville…

Nous avions commandé à un coin de rue un taxi privé afin de visiter la vallée de los ingenios. Nous sommes allés à la découverte de cette vaste vallée fertile, découvert quelques jolies finca, de la torre manaca, des ruines des anciennes sucreries à l’histoire douloureuse…

Une jolie balade également est possible à pied au départ de Trinidad (compter environ une heure) jusqu’à une jolie cascade logée en pleine forêt et accessible uniquement à cheval… une baignade méritée dans un très joli cadre!

Varadero.

Nous quittons le cœur serré la jolie ville de Trinidad et rejoignons, à contrecœur, la ville de Varadéro. On ne fait pas toujours ce que l’on veut en voyage et les aléas de la vie on fait que nous n’avions pas vraiment le choix… Varadéro ne nous attirait pas car ville dévisagée par les nombreux hôtels disséminés le long de la plage…un tourisme de masse qui ne répond pas vraiment à nos critères de voyage…malgré tout la plage est sublime et un joli hôtel aura vite fait de nous réconcilier avec ce moment de farniente improvisé…une journée sur le cayo blanco afin de côtoyer les eaux translucide de la mer des caraïbes et de prendre les derniers coups de soleil mais qui nous coûte le prix d’une attraction dans une ville touristique….presque 60CUC la journée!

Cuba et ses cliché: le soleil, la salsa, les cigares… Et bien c’est une réalité. Le temps nous a semblé court pour découvrir ce pays resté fortement encré dans le passé, c’est comme si rien n’avait bougé… Un goût de trop peu, un brin de nostalgie, Cuba nous reviendrons, dans ce bout du monde des Caraïbes…

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