Fès, Meknès et Chefchaouen

 

Fès, Une envie de soleil en cette saison hivernale qui s’annonce rude, une occasion qui se présente, et me voilà les deux pieds au Maroc en quelques heures à peine…  Au départ de Charleroi en trois petites heures, l’avion nous dépose dans un aéroport flambant neuf. Fès est la 2ème plus grande ville du Maroc et fût pendant des années la capitale du pays, avant de devenir définitivement la capitale spirituelle.

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Ce qui frappe dès notre arrivée c’est l’aéroport. On ne s’attend pas à avoir un tel bâtiment dans une ville aussi discrète. Puis nous pénétrons en taxi dans la « ville nouvelle », parée de grandes avenues flambant neuves, de villas, d’établissements scolaires derniers cris elle abrite les populations de la nouvelle richesse marocaine ainsi qu’une grande partie des expatriés.

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Puis la Médina se dessine peu à peu, au loin on devine les remparts de cette ville créé au VIIIème siècle par Moulay Idriss 1er. Vieille ville organisée par un dédale de ruelles sinueuses, elle forme un labyrinthe que l’on prend plaisir à arpenter. Pas besoin de carte, l’idée est de se laisser aller et de découvrir l’architecture locale, les souks, la vraie vie des fassi! Fès est beaucoup moins touristique que Marrakech et cela se ressent à plusieurs niveaux: il y a déjà moins de touristes dans les rues, quelques attroupements au points touristiques mais sans excès, et les établissements ouverts aux touristes ne sont pas bondés. Je suis aussi hors saison (novembre) et les températures douces mais fraîches au matin font peut être reculer les plus frileux.

J’avais réservé un Riad traditionnel dans la vieille ville, il est facile d’en trouver sur place ou à l’avance sur le net, tant leur nombre est élevé! Tout le charme de l’artisanat marocain se retrouve dans chaque millimètre de l’habitation : la salle de bain aux murs en tadelakt, mosaïques en bleu de Fès, tapis marocains, objets en cuivre… La chambre est une véritable œuvre d’art !

Aller à la découverte de Fès c’est accepter de se perdre dans la vieille ville; à l’aide d’une carte j’ai eu malgré tout beaucoup  de mal à me repérer! Le point de départ est la porte monumentale bleue Bab Boujloud, véritable repère dans la ville! Puis on arpente les rues principales : Talaa Kebira et Talaa Seghira où débordent les boutiques d’artisanat local. Ma première impression est assez mitigée… Contrairement à Marrakech on est pas alpagué à chaque coin de rue, ni tenu en grippe dès que l’on s’arrête regarder un objet… Assez habituée de ce genre de pratique je remarque le calme résidant chez les commerçants ce qui rend la balade assez agréable ! Cependant d’autres désagréments viendront perturber notre balade…

Nous visitons la Medersa Bou inania, école coranique ouverte au public merveille de l’architecture de l’époque des Mérinides, l’un des lieux les plus visités de Fès. De nombreuses medersa sont disséminées dans la ville mais nous avons choisi de nous attarder sur la plus réputée d’entre elles !

Le quartier des Andalous recèle la sublime mosquée du même nom, que l’on ne peut visiter mais dont l’entrée principale vaut le détour.

Fès est connue pour être le repère de milliers de petites mains qui s’affairent, dans des quartiers qui leurs sont dédiés; à chaque fois le travail manuel est remarquable et l’on prend conscience que la négociation tant attendue devra certainement être revue à la baisse…:

La place Nejjarine ou le secteur des menuisiers, ébénistes.place-en-nejjarine_fez

La place Seffarine où l’on travaille le cuivre étonne par son bruit constant du martellement des outils sur les cuivres. Quelle mauvaise idée d’avoir choisi un petit restaurant au dessus de cette même place…impossible de parler, le bruit est incessant…on ose imaginer ceux qui y travaillent à longueur de journée! La place est vraiment charmante…

Le quartier des tanneurs,  « Chouara » ,il est un peu le symbole de la ville. Qui n’a jamais vu cette photo aérienne de ces dizaines de bassins colorés à l’air libre? Ceux qui n’ont certainement pas été sur place et supporté l’odeur puissante qui s’en dégage! D’ailleurs les commerçants n’hésitent pas à vous donner quelques feuilles de menthe pour faire passer plus en douceur…l’odeur des excréments de pigeon qui servent à assouplir la peau!  Un des tanneurs nous a emmené moyennant quelques dirhams symboliques et nous a expliqué le fonctionnement de cette tannerie. La méthode est ancestrale et je suis encore une fois retournée par ces conditions de travail… Ces hommes font réellement preuve de courage et je regarderai a deux fois avant de négocier un objet en cuir dans le souk ces prochains jours…

En quelques minutes en taxi nous sommes allés sur les hauteurs de Fès découvrir les tombeaux des Mérénides dont il ne reste que peu de vestiges…on vient surtout ici pour la plus belle des vues sur la ville!

Fès ville impériale, je ne me voyais pas repartir sans avoir goûté aux lieux prestigieux… un dîner dans un très joli palais de la ville, le palais « Dar tarzi ». L’intérieur vaut vraiment le détour et finalement le repas n’est pas plus cher qu’un bon dîner dans un restaurant français.

La tradition du hammam au Maroc est très populaire et de nombreux Riad le proposent. J’ai voulu découvrir le hammam plus populaire et me suis rendue aux « bains maures de Fès » (hammam mernissi). Allongée dans une salle carrelée, embuée par les vapeurs d’eau une dame m’arrose de bon coeur et me savonne le corps au savon noir. Elle effectue le gommage avec le gant (âmes sensibles s’abstenir!)  puis renouvelle les rinçages/nettoyages à plusieurs reprises. Un masque au rhassoul (sorte d’argile verte) et appliqué sur tout le corps avant d’être à nouveau rincé énergiquement. Elle termine le rituel en me lavant entièrement assise sur un tabouret, même les cheveux au shampoing! On termin par un thé  à la menthe dans le salon… Une petite heure de décrassage qui vaut le détour!

A proximité de Fès, à 15km environ se situent les thermes de Moulay Yacoub. Grande amatrice de soins thermaux j’ai voulu découvrir ce que les marocains avaient à me révéler…ce sera la route qui mène aux thermes qui se chargera de m’éblouir! Paysages lunaires à quelques encablures de la 2ème plus grande ville du Maroc, je ne peux résister aux arrêts fréquents afin de prendre des clichés, le soleil déclinant, les couleurs embellissent les lieux! Vichy a racheté le centre thermal et le bâtiment neuf est un peu trop… froid à mon goût. Propre, aseptisé, je m’attendais plutôt à une décoration chargée, à la marocaine, pour que le dépaysement soit complet! Un seul bassin (et un réservé aux femmes) est proposé, la trempette est donc assez rapide… Il vaut mieux y venir pour bénéficier des soins thermaux en plus du bassin aux eaux sulfureuses, mais les tarifs m’ont semblé faramineux.

Meknès, مكناس 

A une heure de route se situe la ville de Meknès, troisième ville impériale du Maroc dont la ville historique est classée à l’UNESCO. Je m’y suis rendue à la journée en voiture et j’avoue avoir de suite été séduite par ces jolis remparts et ce centre historique beaucoup plus tranquille que sa voisine Fès… La ville est nommée « la Versailles du Maroc » et est considérée comme l’une des plus belles du royaume. Je n’ai pas pris le temps de visiter ses monuments historiques mais une balade autour des remparts et dans la vieille ville a suffit pour me plaire, et j’ai eu un petit coup de coeur pour cet endroit!

Chefchaouen, شفشاون

J’ai profité de ce court séjour à Fès pour réaliser un petit rêve, qui se situe à 3h de route de là… découvrir la ville bleue de Chefchaouen. J’ai donc loué un véhicule à l’aéroport et direction le nord du pays. Très compliqué de louer sur place, les loueurs demandent une caution de plus de 3000€…  La route traverse les déserts montagneux du nord marocain, longe les champs et traverse de petits villages. Longtemps j’ai été attirée par les images de ces ruelles bleues, et l’envie était plus forte que la raison! La ville a répondu à mes attentes mais il ne faut pas s’attendre à un petit village niché dans la montagne…c’est bel et bien une grande ville et il faut aller sur les hauteurs afin d’atteindre la partie « touristique » où se situe ce quartier. Mais la magie opère. Tout est resté authentique et mis à part les quelques boutiques disséminées ça et là l’ambiance est calme, chaleureuse, et nous passons un merveilleux moment à déambuler dans ce lieu chargé d’histoire.  Contrairement à ce que l’on peut croire, la ville a été classée patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO …..grâce à sa pratique alimentaire emblématique du régime méditerranéen : « celle-ci se caractérise par un modèle nutritionnel demeuré constant dans le temps et dont les principaux ingrédients sont l’huile d’olive, les céréales, les fruits et légumes frais ou séchés, une proportion limitée de poisson, des produits laitiers et viande, et de nombreux condiments et épices » ! Je me suis donc régalée d’un merveilleux couscous ! 🙂

 

Ce court séjour aurait pu être idyllique s’il ‘avait pas été constamment perturbé… Car je me dois également de raconter aussi les mauvaises expériences… vécues à Fès. Elles furent nombreuses et plus que quotidiennes, en voici quelques exemples…  Assis à un coin de rue un jeune homme nous propose nonchalamment son aide, sans pression, pour nous guider juste dans la rue suivante…je le suis gentiemment et cela s’avérera être un guet append…. La mauvaise expérience se reproduira plusieurs fois malgré ma grande méfiance habituelle. Je ne suis absolument pas quelqu’un de naïf.  Une autre fois un gentil monsieur très soigné, en béquilles me proposera de m’indiquer simplement l’entrée de la terrasse d’une fameuse mosquée…. et au final me réclamera de l’argent avant de m’insulter copieusement! Deux parmi tant d’autres.  J’avoue avoir vraiment été déboussolée. Je suis loin d’être une débutante et habituée de ce genre de pratique en Orient mais aussi en Asie ou en Amérique du sud. Mais ici l’ambiance se révélera être oppressante, constante… Un sentiment d’être sans cesse aux aguets, à guetter la prochaine embuscade, prochaine arnaque…J’avais loué une voiture et à chaque arrêt plusieurs hommes sortis de nulle part me sautaient dessus afin que je leur paie la « car tax »… même quand je partais on m’arrêtait un peu plus loin afin que je paie une deuxième fois…A tel point que je n’avais plus envie de circuler ! Dans un village plus loin, près des thermes, même cinéma, des dizaines d’hommes plus ou moins jeunes qui se mettent au milieu de la route afin de m’arrêter et proposer je ne sais quoi…On me dira « passe ta route » ou « y’a rien de grave », mais quand vous êtes au milieu du désert et qu’ils surgissent par dizaines… Et bien oui, j’ai eu peur! L’une des rares fois de ma vie! Je ne veux pas faire de généralités ni d’amalgame mais je garde un sentiment très mitigé de mon voyage à Fès… entre culture et artisanat, entre patrimoine historique et culinaire, ces déboires incessants car ils furent nombreux, auront eu raison de ma patience et je repartirais avec une envie… de ne pas vraiment y retourner. Pas pour le moment…

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