Nous sommes en début d’année 2006. J’ai 24 ans et je suis attirée par l’aventure, et les émissions qui émergent m’attirent. je suis étudiante en STAPS (en 5ème année sport). J’ai simplement cette envie de me dépasser et d’en découdre ! Je postule donc à l’émission Koh Lanta qui a l’époque était plus centrée sur la survie que sur les clash et les stratégies..
La directrice de casting m’appelle, mon profil l’intéresse, elle souhaite me prendre sur l’émission, mais elle est sur un nouveau projet où elle cherche des couples et le mien lui a tapé dans l’oeil. Aucune information sauf celle-ci : l’émission s’appellerait « voyage autour du monde » et le principe serait une course entre différentes équipes. Je connaissais très bien à l’époque l’émission américaine « The amazing race ». Fan inconditionnelle de cette émission où les candidats sont lâchés au milieu de la planète sans aucune information ni argent et doivent se débrouiller pour rentrer à New York je n’hésite pas une seconde j’accepte instantanément !
S’enchaînent alors les différentes étapes de casting, auditions, tests médicaux où il faut montrer patte blanche.. Puis le graal: nous sommes pris, début septembre rendez-vous à Paris !
Les dessous de la TV :
A Paris nous sommes confinés deux jours entiers dans une chambre d’hôtel où différentes personnes de la prod’ passeront nous voir. Le point d’ordre est mis sur notre discrétion, nous ne devons parler à personne, ne rencontrer aucun candidat (donc ne pas sortir de la chambre), un sac à dos nous est apporté et nous devons le préparer en enlevant les effets personnels, gardés soigneusement par la prod (passeport, portefeuille etc).
Viens le jour où nous voyons le jour….et la tour Eiffel. On nous demande d’avancer sac sur le dos vers la Tour et nous découvrons avec stupéfaction des caméras, des équipes et Stéphane Rotenberg totalement inconnu à cette époque. Nous comprenons que le jeu à commencé ici, à Paris! De suite nous échafaudons des plans : faisons du stop jusqu’à la gare de l’Est, essayer de prendre un train pour gagner du temps etc. Nous allons vite déchanter !
Après avoir annoncé les règles du jeu, les 1€ par personne et par jour, le trajet de Paris à Pékin via la Russie et la Mongolie, les esprits s’échauffent, l’excitation monte…le départ est donné et nous courons tous, le plus vite possible droit devant nous jusqu’à…un bus qui nous attend pour nous emmener aéroport Charles de Gaulle. La douche froide. Nous ne sommes pas sur Amazing race ! C’est même à ce moment qu’un binôme vraiment peu chanceux va se tordre la cheville sous la Tour Eiffel et devra donc abandonner même avant d’atteindre l’aéroport.. Nous embarquons donc pour la Russie où nous devons impérativement éviter de nous parler. Une fois en Russie les journées vont s’enchaîner, hôtels, route, toujours sans croiser les autres équipes jusqu’à une petite ville Russe, Pskov, près de la frontière Ukrainienne qui possède un aéroport désaffecté. Le réel départ du jeu se fera à cet endroit pour faire croire que nous venons d’y atterrir. Cela fait presque une semaine que nous avons quitté notre maison ! Les dessous de la TV c’est beaucoup de patience, participer à un tel jeu TV cela se mérite !


Le jeu Pékin Express :
Ce fût un vrai bonheur de participer à ce jeu incroyable. Nous avons eu la chance de rencontrer des gens formidables, je parle évidemment des candidats, des membres de la production, et surtout les habitants.
Je pense à ces caméramans qui devaient nous suivre chaque jour, parfois en courant (nous étions des candidats très sportifs qui passaient leur temps à courir même pour le stop!) en portant une caméra de plus de 20kg sur le dos ! Parfois ils nous demandaient d’arrêter pour reprendre leur souffle.. Bravo à eux !
Je pense à ces habitants de la Russie, ces gens adorables, froids au premier abord mais avec un si grand coeur, qui nous ont accepté sans chercher à comprendre ce qui leur arrivait ! Je pense bien sûr à ces Russes qui nous ont emmené, Louis (le papy Corse) et moi-même sur une étape complète soit près de 600km et qui depuis sont devenus de vrais amis ! Nous nous sommes revus plusieurs fois et ils sont même venus nous voir en France, je pense bien sûr à Vassily et Irena, et Alex. A la petite Angélina qui a bien grandi depuis !
Je pense à ces candidats au grand coeur avec qui nous avons gardé contact au début mais qui avec le temps se sont éloignés, ils resteront toujours dans mon coeur : Nina et Daisy, Ernest et Odile mais aussi et surtout nos papy Corses, Paul et Louis. On ne peut pas plaire à tout le monde et nous n’étions pas dans le coeur de Patrick et Christophe, nous ne leur en voulons pas ! En ce qui concerne Carolina et Stéphane cela reste un grand mystère.. nous avons beaucoup discuté ensemble, de nos vies, nos expériences, nous avons beaucoup partagé et….il y a eu ce geste et ces paroles sur l’étape 6. D’où notre réaction, nous pensions que c’était du zèle, car nous nous entendions bien. Encore aujourd’hui je ne comprend pas. Je mets ça sur le dos d’une stratégie non assumée devant les caméras. Aujourd’hui les candidats ont le mérite de les dire ouvertement ! Je reviendrais plus loin sur cet incident qui a valu nos éviction du jeu.








Les étapes :
Nous avons parcouru toute la Russie de Moscou à Irkoutsk sur le trajet du transibérien. Le jeu a continué à travers la Mongolie puis la Chine où a eu lieu la finale (à Pekin). Les étapes étaient incroyables, nous découvrions un pays totalement inconnu à nos yeux, très rural, où les russes nous accueillaient dans leurs datchka (maison en bois rurales), rincés à coups de vodka, nourrit de cornichons géants et de crêpes maisons! Nous avons même petit-déjeuné avec des crêpes au caviar chez une vieille dame.. Les grands villes nous ont montré de belles architectures, de belles églises orthodoxes, et nous avons même pris le transibérien sur une étape. Chaque soir nous devions dormir dans une famille en faisant du porte à porte. Ce qu’il faut savoir c’est que chaque jour nous somme suivis par un mini van où un traducteur, un journaliste et un caméraman nous suivent au quotidien. Cela leur permet de se nourrir, de recharger le matériel et aussi parfois de se reposer. Nous nous sommes déjà retrouvé dans ce véhicule lors d’un rapatriement d’étape (quand le bip a sonné et que nous sommes loin de l’arrivée), devant des friandises et boissons sucrés sans avoir le droit d’y toucher ! Et oui pas de triche, personne ne nous donnait de nourriture en dehors des habitants ! Aussi lorsque nous étions dans une famille nous devions simuler notre coucher afin de laisser l’équipe partir enfin se reposer à l’hôtel ! Le rendez-vous était fixé dès le lendemain matin afin de pouvoir commencer les images au plus tôt ! Cela nous a valu pas mal de situations cocasses avec les russes lorsque les caméras avaient disparues…Nous gardons un si beau souvenir de cette expérience, du stop, des habitants, ces longues routes interminables passées à l’arrière d’un poids lourd sur les autoroutes Russes.. Et oui, la Russie est un si grand pays que contrairement aux émissions actuelles nous pouvions passer des heures sur des lignes droites sans changer de véhicule !
Nous avons remporté l’étape numéro 2 à Kazan, avec une belle amulette !





























Les épreuves d’immunité :
Nous avons eu la chance de faire quelques épreuves incroyables et en avons gagné une.
- L’épreuve du Taquin en étape 1 à Saint Pétersbourg qui nous laisse un goût amer; en effet nous avions terminé en 1er mais avons remarqué qu’une de nos pièce était montée à l’envers ! Stéphane ne validait donc pas notre taquin! Nous avons crié, hurlé, jusqu’à ce qu’un membre de l’équipe se rend compte de l’erreur et on vient vite nous le régler. Résultat nous partons bien après les autres candidats.. Les aléas des jeux !



- L’épreuve du parcours du combattant en étape 2, qui a lieu sur un parcours militaire de l’armée rouge. Nous perdons de peu pour avoir pris trop de temps à comprendre le fonctionnement de la corde !


- L’épreuve des poids lourds en étape 3, les « Oural »(poids lourds militaires) à Miass. Gros avantage pour nous, mon binôme est le seul à avoir le permis poids lourd alors nous survolons l’épreuve et la gagnons aisément. Immunité pour notre équipe en étape 3 !



- L’épreuve de la boue au sanatorium de Petoukhovo en étape 4. Un parcours a réaliser en équipes et malheureusement nous perdons la 1ère manche. Nous n’irons pas plus loin mais aurons la chance (ou pas!) de nous doucher dans le sanatorium..



L’élimination :
Nous sommes en étape 6. Le drapeau rouge a fait irruption de manière très.. contestable. En effet Stéphane le met aux enchères et seule une équipe est en capacité de l’acheter, Stéphane et Carolina qui avaient, à priori, reçu beaucoup d’argent d’habitants russes pendant les étapes précédentes. Nous n’avons aucune inquiétude, nous sommes bons joueurs et surtout très compétiteurs et acceptons la règle. Il faut savoir qu’à ce moment du jeu nous avons une très bonne relation avec cette équipe. J’ai pour ma part beaucoup discuté avec Carolina de nos vies privées lors du trajet en train (étape 5), nous avons dîné ensemble au restaurant lors de la grève de trois jours des caméramans à Iékaterinbourg et avons parlé de nos vies respectives. Bref pour nous, pas d’animosité. Il peut nous être reproché d’avoir à plusieurs reprise dénoncé les méthodes peu traditionnelles de certaines équipes, mais nous sommes sportifs, très compétiteurs, et le règlement c’est le règlement ! Nous avions vu cette équipe en voiture plus d’une demi-heure après la sonnerie de la balise (fin de l’étape), nous les avions vu continuer de marcher à la fin d’une étape (et faire du stop), bref nous avions constaté plein de manquements au règlement mais qui je pense, ne dérangeait pas la prod (nous sommes sur la saison 1 , tout est nouveau pour eux et je pense qu’ils devaient être dépassés). Nous arrivons à un ferry que nous devions prendre pour rejoindre l’autre rive. Nous nous cachons pour essayer de passer sans être victimes du drapeau. Mon binôme arrive à passer mais Carolina me voit pile quand je suis sur le pont du bateau. J’accepte la sentence, mon binôme me rejoint et nous attendons 30 minutes. Comme Nicolas était monté et que nous étions sur le pont (qui je le rappelle, fait parti intégrante du bateau) nous décidons de monter. Et surtout nous ne pensons pas nous attirer autant les foudres de deux binômes enragés à l’idée de voir leur plan s’effondrer ! Et c’est ce qui vaut mes pleurs, je ne comprends pas ce qui nous arrive, la veille nous discutions autour du feu, aujourd’hui nous sommes la cible à abattre. Nous acceptons donc de subir une « sentence » car nous pensons être de bonne foi, avons subi les 30 minutes d’arrêts et nous étions déjà sur le pont. Durant le jeu il y avait déjà eu deux rappels au règlement: un binôme avait payé une chambre d’hôtel et un autre avait continué le stop après la sonnerie de la balise. Il avait écopé de peines légères (pas de participation à l’épreuve d’immunité et un départ en dernière position). Or nous allons payer le prix lourd. Nous sommes rétrogradés à la dernière place et donc éliminés du jeu ! Il n’y avait ni duel ni enveloppe noire à cette époque.
Le départ est très dur, la sanction très dure a accepter (et des années après elle ne l’est toujours pas). Nous sommes sportifs, compétiteurs et nous n’acceptons pas un tel anti-jeu. Malheureusement le départ est prévu le lendemain, l’aventure s’arrête pour nous, mais quelle aventure.



Mes meilleurs souvenirs :
- Mon binôme avec Louis lors de l’étape des équipes mixées. Nous nous sommes régalés ensemble, c’est un homme formidable, c’était mon papy du jeu ! Nous avons rencontré Vassily et Irena qui resteront jusqu’à aujourd’hui de vrais amis !






2. Ma victoire à Kazan. Parce qu’une victoire reste toujours un souvenir impérissable ! Je suis retournée en « pèlerinage » dans cette ville magnifique, en plein hiver, sous la neige, l’émotion était toujours là !

3. La nuit improbable au chevet d’une dame malade. Un monsieur nous accueille et nous laisse nous installer sur le canapé lit. Il nous dit que sa maman est malade dans la chambre à côté. Nous nous couchons vite et nous nous rendons compte en pleine nuit que le monsieur est parti et la dame gémit…nous allons donc à son chevet, lui donnons de l’eau et l’aidons même à s’installer sur le pot de chambre.. Un grand moment ! Sans se comprendre, les sourires suffisent….Et vers 6h du matin nous sommes réveillés par des invectives, des cris ! Des hommes se tiennent devant nous, nous comprenons que ce sont les fils, ils ne sont pas au courant de notre venue et nous font dégager au plus vite ! A 6h nous sommes au milieu de nulle part à attendre notre équipe de tournage qui n’arrivera qu’e deux ‘une heure plus tard…Sacré moment !
4. Cette nuit dans une famille pauvre…Un sentiment de gêne intense, de malaise…Une saleté intenable, nous n’avons pas réussi à nous déshabiller pour dormir….Mais la famille au grand coeur nous a offert tout ce qu’elle possédait, une pomme et une cuillère de confiture maison. Nous avons passé la soirée à regarder leurs photos de famille qu’ils étaient si fiers de nous présenter !
5. Le vol en hélicoptère militaire. Une expérience incroyable. L’étape commençait en pleine nature et nous avons été déposés en hélicoptère afin de brouiller les pistes. Une boussole et une carte nous avait été fournie mais à peine déposés nous avons repéré une route et nous nous sommes tous rués vers les voitures. Mission ratée pour la prod’!

6. La grève des caméramans ! Grâce à eux nous avons eu visite guidée de la ville en bus, hôtel et restaurants! Une vraie pause méritée en plein milieu du jeu !
Le bilan
Nous en gardons bien évidemment un souvenir magique ! C’est l’une des plus belles aventures de notre vie, Pékin express est un jeu incroyable et je souhaite à quiconque d’y participer. Aujourd’hui tout le monde connait les subtilités de la télé-réalité et ce à quoi cela engage : stratégies, mensonges, manipulations.. A l’époque nous étions dans une grande première, nous ne savions pas où nous mettions les pieds et ne pensions pas être victimes de stratégies. Aujourd’hui, avec le recul, nous ne serions pas montés sur ce bateau et nous nous serions battus le lendemain pour sauver notre place. Mais cela aussi fait parti de l’expérience, et on en sort grandi . Aujourd’hui plus que jamais je prône des valeurs d’honnêteté, d’intégrité et je ne ferais pas partie des grands stratèges. Je suis quelqu’un de naturelle, de simple et je transmet ces valeurs à mes enfants. Rien ne sert de mentir, il faut partir à point !
Je suis fan de l’émission et je n’en rate aucune. J’ai évidemment toujours une préférence pour les gens humbles, humains et les non-stratèges. J’aime la victoire par le mérite. je n’apprécie dons pas du tout cette nouvelle règle du duel final qui est un non-sens, c’est mettre de l’huile sur le feu…mais c’est évidemment tout l’intérêt des émissions de télé-réalité . Alors même si les candidats étaient mes préférés j’espère que le perdant sera celui qui était arrivé dernier de l’étape. Simple logique ! Alors vivement jeudi prochain pour la prochaine émission de Pékin Express !











