Lille- Bangkok en train

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Qui n’a jamais rêvé de longs trajets en train à travers les plaines de Mongolie ou la Taïga de Sibérie? De rejoindre le bout du monde par les routes ou un chemin de fer ? Phobique de l’avion ou passionné de train, envie de casser la routine du quotidien ou de s’offrir un voyage exceptionnel, sachez une chose: c’est possible ! Je l’ai réalisé il y a quelques années et je veux vous prouver qu’il n’est pas si dur de prendre le train jusqu’en Thaïlande…

Partie de Lille, j’ai tout d’abord embarqué à bord d’un bus Eurolines à destination de Cracovie en Pologne. Une vingtaine d’heure de trajet mais l’euphorie du départ l’a emportée sur la longueur du trajet. Et puis il va falloir s’y habituer, la Chine n’est pas la porte à côté! Je commence à bouquiner quelques guides que me voici déjà arrivée. La Pologne en février n’est pas des plus gaie, le temps gris et pluvieux prédomine mais ne m’empêche pas de découvrir malgré tout des beautés cachées. La ville de Cracovie regorge de trésors architecturaux et mérite d’y consacrer quelques jours. J’en profite pour visiter les mines de sel de Wieliczka (classées à l’UNESCO) et le terrible camp d’Auschwitz. Un véritable devoir de mémoire, énormément d’émotion, un endroit que chaque personne devrait voir, histoire de ne jamais oublier… Je repars bouleversée vers Varsovie en bus local, où je vais embarquer à nouveau avec Eurolines vers Riga en Lettonie. Tout le monde parle anglais, il est simple de se procurer des billets ou une chambre d’hôtel. Plongée dans l’hiver, cette capitale brille par son architecture qui n’est pas sans rappeler son proche voisin Russe. Les gens sont agréables, souriants, la ville est jeune. Son bord de mer est propice aux jolies balades, l’été,  j’imagine ses plages bondées et son ambiance débridée, Pays Baltes, je reviendrais!

A Riga j’embarque pour mon premier train (16h…) qui m’emmènera directement en Russie et plus particulièrement à Moscou. Le billet a été simplement acheté à la gare, j’avais juste anticipé les visas nécessaires et notamment le visa Russe. De nombreux organismes en France proposent ce service pour quelques euros de plus (Action-visas par exemple, rapide sérieux et efficace). Le passage de frontière en train a été assez long, les militaires nous contrôlant un par un dans le train, mais cela fait parti du voyage. Et puis la voici, Moscou, capitale Russe et sa fameuse place rouge! Sous la neige elle est encore plus belle,  le halo orange au dessus d’elle lui donne des airs de conte de fée. J’arpente ses rues le nez en l’air avide de tout découvrir, de ne rien rater…le couvent de Novodievitchi découvert le long des remparts restera l’un de mes plus beaux souvenirs…

Je reprends le train qui suit la route du fameux « transsibérien » de Moscou jusqu’à Irkoutsk, en plein cœur de la Sibérie! J’ai volontairement décidé de m’arrêter afin de visiter le pays et les noms de villes mythiques s’enchaînent: Kazan la magnifique, Iekaterinbourg, Novosibirsk, Omsk, Krasnoïarsk…Un arrêt est prévu dans la ville de Kémérovo où habitent des amis fidèles…rencontrés lors d’un précédent voyage! Les longues heures de train s’enchaînent mais le temps ne paraît jamais long, les Russes, d’un abord très froid, s’intéressent de près à cette française sortie de nulle part et les conversations mimées (ils ne parlent pas anglais, je ne parle pas Russe) vont rythmer ce long trajet…Les babouchka (mamies) viendront partager leur repas, la vodka fera parti de mon quotidien (refuser de trinquer est mal élevé) et les nombreux arrêts dans les petites gares me permettent de goûter aux spécialités concoctées par toutes ces dames en foulard sorties de nulle part… Logée en wagon platskart (quatre couchettes dans des compartiments sans murs ni portes, l’équivalent de la 3ème classe, la moins chère) le confort est sommaire mais suffisant. Pas de douche mais un lavabo et des toilettes, nettoyés régulièrement par notre provnista, contrôleuse du wagon, qui va se révéler indispensable pour se repérer dans les horaires Russes…en effet, ce vaste pays nous fera changer de fuseaux horaires très souvent (il y en a 9 sur tout le pays!)…heureusement tous les trains sont annoncés à l’heure de Moscou afin d’éviter toute confusion…cela ne m’a pas empêché d’attendre bêtement, sac sur le dos, devant la porte du train en marche que celui-ci s’arrête , après plus de 48h passées à bord….quand la provnista m’annonce que ma destination est bien à la même heure…mais le lendemain ! Les paysages neigeux feront parti de mon quotidien et je ne me lasse pas de photographier les datchkas, ces maisons de vacance en bois qui se fondent dans le paysage….Arrivée à Irkoutsk, dernière ville avant la Mongolie, j’opte pour un « tour » qui me fera traverser le lac Baïkal complètement gelé en Lada 4X4, découvrir les pentes enneigées et les paysages extraordinaires de l’Altaï, et goûter à la tradition russe…un banya (sauna) chauffé à 90° où l’on se fait fouetter le corps à l’aide de branches séchées de chêne et plonger aussitôt dans le lac gelé! (un trou avait été creusé au préalable…) Expérience incroyable, sensations incommensurables, à faire absolument!

Le passage de frontières Russie-Mongolie prend plus de temps. Les contrôles sont plus longs et ils doivent réadapter les rails au nouveau pays. J’arrive enfin en Mongolie. Le changement n’est pas immédiat, car l’un des effets du voyage en train est que j’ai pu voir les visages changer…plus j’avançais vers la Mongolie, plus les visages s’arrondissaient et les yeux se bridaient. Vers Irkoutsk des Mongols étaient déjà présents dans le train ou dans les villes, ce qui m’a habitué tout doucement à cette nouvelle population. Ce qui change en revanche c’est la tenue; en effet ils portent tous la tenue traditionnelle le « Deel », composé d’une sorte de longue robe, d’une ceinture, de bottes et d’un chapeau très colorés. Les mongols sont très souriants et avenants, malgré la barrière de la langue le contact se fait très facilement, car ici l’étranger, c’est moi, et cela n’a pas l’air de les déranger! Le train avance à travers de longues plaines, la Sibérie nous avait habitué à ces immensités mais ici le paysage est tout autre. Les hautes montagnes entourent ces plaines et des yourtes commencent à apparaitre. Ces habitats traditionnels des nomades mongols vont être ma maison pendant les quelque jours que je vais passer dans ce pays, et je vais faire des rencontres incroyables auprès de ces gens chez qui la tradition est un vrai mode de vie…ne pas poser le pied sur le seuil, circuler dans la yourte dans le sens des aiguilles d’une montre, ne jamais traverser le pilier central, place des ancêtres, ne jamais manger ou recevoir de la nourriture par la main gauche et surtout…ne jamais refuser la nourriture offerte et terminer son plat. Les morceaux de mouton, le fromage séché, le lait de yack au beurre salé et le lait de jument fermenté composeront mon menu pendant ces quelques jours et auront raison de mon estomac…. Oulan Bator la capitale est déconcertante. Cette grande ville aux bâtiments austères contraste avec la nature environnante et j’y consacre bien moins de temps… Il est facile de trouver une auberge ou un hôtel où dormir et les hôtes parlent tous un anglais parfait. Ils proposent presque tous des tours ou des excursions et vous facilitent la vie dans le pays. A la gare d’Oulan Bator j’achète mon billet de train direction…Pékin.

Le passage vers la Chine se fera plus en douceur,  les paysages défilent et se ressemblent, encore une fois, seuls les visages changent…pas de doute je suis arrivée au bout du monde! Tout est écrit en chinois, personne ne parle anglais, le dépaysement est total! Heureusement j’avais avec moi un guide vraiment bien fait, le « Gpalémo », un petit livre plein d’images qui permettent de se faire comprendre dans n’importe quelle situation!  Et en Chine j’en ai bien besoin car ce n’est qu’à Pékin que je trouverais des personnes parlant anglais… Les trains sont propres et modernes, le pays est très bien desservi et les couchettes confortables, il est donc facile de se déplacer! C’est ici que je découvrirai les bus couchettes! Mais la Chine est un vrai choc culturel. Les gens n’agissent pas comme nous, ont des habitudes différentes et des façons de se comporter en société bien opposées aux nôtres…il me faudra un peu de temps pour m’y habituer néanmoins je vais découvrir des merveilles dans ce pays de géant:

  • Pékin et la place Tian’anmen, la cité interdite, le palais d’été, de nombreux temples et quartiers très agréables où il fait bon flâner
  • La muraille de Chine que je vais découvrir au cours d’une jolie randonnée hubtic.com
  • La fameuse armée de soldats en terre cuite de Xi’an, un moment incroyable! hugbic.com
  • Le magnifique village de Pingyao, le seul qui répondait à mon imaginaire, des ruelles bordées de maison en bois sculptées avec des lanternes chinoises à chaque porte…L’image que j’avais de la Chine!
  • Les grottes de Yungang à Datong et ses milliers de Bouddha sculptés à même la falaise (252 grottes 51000 statues!)
  • Le bouddha géant de Leshan,le plus grand du monde taillé dans la montagne (71m)huybic.com
  • Les pandas dans le centre de préservation de Chendgu, un moment rare et privilégié, j’ai adoré!
  • Les villages traditionnels de Dali et Lijiang dans le Yunnan (sud)

Et c’est à Hong-Kong que ma route continuera, ville déconcertante, mélange de tradition et de modernité, ville lumière entourée de centaines d’îles paradisiaques… avant d’entrer au Vietnam par la frontière terrestre. Je continue ma route à travers ce pays merveilleux jusqu’au Cambodge où je vais arriver par le sud. Deux semaines plus tard j’entre au Laos et le traverse entièrement du sud au Nord. La Thaïlande m’ouvre ses portes dans le triangle d’or et c’est par un ultime train pris à Chiang Mai que je rejoindrais Bangkok. Mais ces pays méritent de leur consacrer plus de temps, j’y reviendrais donc dans mes prochains articles…

J’ai réalisé ce périple en quatre mois mais certains le réalisent en bien moins de temps, mais passent je pense, à côté de certaines choses…D’un bout à un autre il faut compter une quinzaine de jours de transport « brut » et les tickets sont facilement achetables sur place. Pour les plus frileux de nombreuses agences proposent de vous vendre ces tickets à l’avance et cela ne coûte pas beaucoup plus, et vous évitera très certainement de longs moments de négociations avec un fonctionnaire qui ne parle pas un seul mot d’anglais! Cependant je reste persuadée qu’un tel voyage ne doit pas être une course contre la montre et qu’il mérite d’y consacrer du temps. Les visas Vietnam, Laos, Cambodge s’achètent directement aux postes frontières pour quelques dollars, il faut ne pas oublier de se munir de photos d’identité récentes. Pour des séjours de moins de trois mois le visa n’est pas nécessaire en Thaïlande. Pour les personnes disposant de peu de temps je conseillerai alors de commencer le périple à Moscou et repartir de Pékin. C’est très facilement réalisable en  bien moins de temps!

Tous ces moments, ces rencontres, ces longues heures de train resteront à jamais gravés dans ma mémoire et constituent l’un de mes plus incroyables voyage au bout du monde.

9 Replies to “Lille- Bangkok en train”

  1. Incroyable ! Ton article m’est allé droit au cœur. Ton périple correspond vraiment à l’idée que j’ai des voyages. Une lente déambulation à travers des paysages et des cultures étrangères…
    Voilà une expérience qui me plairait !

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    1. Merci beaucoup thaïs ! J’ai essayé de retranscrire exactement ce Que j ai ressenti afin de donner envie ! C’est vraiment un périple Incroyable , et tu découvres la vrai définition du mot « voyager »…. JE te souhaites sincèrement de le vivre un jour ET si je peux t être utile n hésites pas!

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  2. Ton récit ma envoûté , tu l’a raconté comme quand tu en es revenue, les souvenirs sont intactes. Merci Nancy, j’ai passé un super moment à te lire!

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  3. Incroyable ! Nous sommes expatriés à Bangkok et on hésite justement à tenter l’expérience de rentrer en France par les voies terrestres. Si jamais le projet se concrétise, j’espère que tu ne m’en voudras pas de venir te reposer quelques questions 🙂

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    1. Excellente idée! J’y répondrais avec plaisir dans la mesure du possible 😉 Je rentre de Bangkok justement, il y a à peine trois semaines, je t’envie je suis dingue de cette ville, alors y être expat’…<3

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